Au cœur de la mission d’éducateur·trice : rencontre avec Estelle Dardenne

Derrière chaque chien guide d’exception, il y a un éducateur passionné. Véritables experts du comportement canin, ils forment les chiens tout au long de leur apprentissage pour en faire des compagnons fiables et sécurisants. Nous avons demandé à Estelle Dardenne, éducatrice au sein de l’Association des Chiens Guides d’Aveugles d’Île-de-France, de nous parler des coulisses de son métier.

 

 

Pourquoi avez-vous choisi de devenir éducatrice de chiens guides ?

 

« Depuis 2018, je travaille au sein de l’association, mais j’ai obtenu mon diplôme d’éducatrice il y a un peu plus d’un an. Mon choix de devenir éducatrice de chiens guides découle d’une passion de longue date pour le travail avec les chiens. Cependant, il y a aussi un aspect personnel : j’ai été sensibilisée dès mon jeune âge à la déficience visuelle, car un de mes camarades de classe était déficient visuel. Voir les aménagements réalisés pour lui à l’école m’a profondément marquée. C’est ce qui m’a poussée à m’orienter vers un métier qui allie l’aide à la personne et le travail avec les animaux, en particulier les chiens. »

 

 

 

En quoi consiste votre rôle et quels chiens formez vous actuellement ?

 

« En tant qu’éducatrice, j’accompagne les familles d’accueil de mes chiots pour les rendre apte à apprendre le métier de chien-guide. J’éduque ensuite ces chiots devenus grands pour les remettre à une personne déficiente visuelle, tout en transmettant mon savoir à des futurs moniteurs/éducateurs. Actuellement, j’ai un chiot, Vibes, un golden retriever de presque 5 mois. Il est très joueur, câlin et déjà un peu malin, en avance sur son âge. Il adore être proche des humains. J’ai également Ukane, une femelle berger allemand de 18 mois, pleine d’énergie. C’est une chienne dynamique qu’il faut parvenir à canaliser mais elle sait maintenant se concentrer dans le travail au guidage et apprend très vite. »

 

 

 

À quoi ressemble une journée type à l’association ?

 

« Dans un premier temps je vais voir mes chiens et je les sors dehors pour qu’ils aillent faire leurs besoins et qu’ils se défoulent. Ensuite, je leurs donne à manger puis nous partons travailler. Nous pouvons rester à l’association pour travailler sous forme d’ateliers. L’idée est de mettre le chien dans le moins de distractions possible pour lui permettre d’apprendre sereinement. Nous terminons par un passage en ville pour réitérer l’exercice mis en place et le répéter encore et encore dans tous types de contextes. »

 

 

 

Quels moments sont les plus gratifiants ?

 

« Je pense que beaucoup dirait d’instinct qu’il s’agit du moment de la remise du chien,, mais pour moi le plus gratifiant c’est vraiment après la remise. Dans tous binômes, il y a un moment de déclic où les personnes me disent « j’ai vraiment confiance en mon chien ». Je trouve cet instant vraiment gratifiant car c’est non seulement l’aboutissement de mon travail avec le chien, mais également du travail mis en place entre la personne, son chien et moi. »

 

 

 

Quelle formation faut-il suivre pour devenir éducateur.rice ?

 

« Pour devenir éducateur, il faut avoir le bac, le permis de conduire, et être embauché dans une association de chien guide d’aveugle. La formation professionnalisante se fait en 2 parties. La première partie concerne la pratique et se déroule au sein de l’association. On nous y confie des chiots/chiens et on nous apprend la pratique avec un tuteur. Cette partie sert à obtenir le diplôme de moniteur.rice, permettant d’apprendre à éduquer un chien. La seconde partie a lieue dans un des deux centres de formation (Lyon ou Paris), chacun étant specialisé dans des thématiques différentes. La formation y est plus théorique. Cette partie fait passer le diplôme d’éducateur.rice pour apprendre à remettre le chien à une personne déficiente visuelle. »