Accueillir, éduquer, puis laisser partir… C’est le rôle, souvent méconnu mais très important des familles d’accueil de notre association. Avant de devenir les fidèles compagnons de personnes déficientes visuelles, les chiens guides passent plusieurs mois chez des familles bénévoles qui leur enseignent les bases de la vie en société : propreté, obéissance, marche en laisse, et adaptation à différents environnements.
La famille Lasserre a ainsi ouvert sa maison et son cœur à Vénus, une jeune labrador sable en plein apprentissage. À travers leur témoignage, ils nous livrent un aperçu sincère de cette aventure : les bonheurs du quotidien, les petits défis éducatifs, et la fierté de contribuer à une grande cause.
Comment gérez vous l’attachement au chien en sachant qu’il devra partir un jour ?
« Nous savons dès son arrivée que le chien ne restera pas définitivement avec nous. Cela permet de gérer les émotions liées à la séparation future dès le départ…
Tout au long de cette période à la maison, il faut créer un lien fort avec le chiot pour faciliter sa socialisation, tout en sachant qu’il sera confié à une autre personne plus tard. Forcément, nous sommes un peu tristes de les voir partir, mais tout aussi heureux d’avoir pu contribuer à cette action avec l’association. Savoir qu’il contribuera à améliorer la vie d’une personne malvoyante est extrêmement gratifiant.
Et puis nous renouvelons l’accueil avec d’autres chiens pour renouveler l’aventure ! »
Quel impact cette expérience a-t-elle eu sur votre famille et votre mode de vie ?
« Accueillir un chien guide a favorisé le développement de nombreuses qualités telles que la patience, la tendresse et la rigueur, toutes essentielles pour son éducation. Cela développe aussi le sens de l’organisation, car cette dernière est indispensable au quotidien, surtout les premières semaines.
Au début il faut quelqu’un à la maison, mais progressivement, le chien doit apprendre à gérer la solitude en restant seul à la maison. Notre famille et nos amis sont désormais habitués à ce rythme et à nous voir avec un chien différent . Dans la rue nous sommes régulièrement abordés pour répondre aux questions des passants s’intéressant à cette petite boule de poils avec une chasuble « élève chien guide » sur le dos. C’est par nature également un engagement : faire connaître, rechercher de nouvelles familles d’accueil ou recueillir des dons.
Et puis cette expérience permet aussi de développer des liens uniques avec les chiens, d’interagir avec d’autres bénévoles partageant les mêmes valeurs et avec les maîtres de chien guides (bénéficiaires du chien guide). »
Combien de temps dure généralement l’accueil d’un chien avant qu’il parte en formation ?
« On accueille le chiot qui arrive de l’élevage à ses 2 mois, pendant 8 à 10 mois. Il commence ensuite sa formation avec son éducateur.rice à l’école à partir de ses 10 ou 12 mois. »
Y a-t-il des critères spécifiques pour les familles souhaitant accueillir un chien-guide ?
« Pour que cette expérience soit un succès, aussi bien pour le chiot que pour la famille qui l’accueille, il est indispensable de comprendre les modes de communication du chiot afin de l’amener à adopter un comportement équilibré. En tant que famille d’accueil, nous sommes accompagnés par les éducateurs référents des chiens et nous devons participer aux rendez-vous une à deux fois par mois, à l’école, dans un centre commercial, un marché, une gare, et tous les endroits auxquels il sera confronté plus tard.
Il faut également amener le chiot pour un stage de deux à trois jours, une fois par mois, à l’association à Coubert. Le reste du temps, il faut sortir en autonomie régulièrement en divers lieux.
Enfin, il faut accompagner le chiot chez le vétérinaire pour les rendez-vous, la vaccination et tous les soucis de santé. Les coûts liés à l’accueil du chien, comme son alimentation et les soins vétérinaires, sont pris en charge par l’association, ce qui rend cette expérience de famille d’accueil bénévole accessible sans contraintes financières. »
Recommanderiez vous cette expérience à d’autres familles ? Pourquoi ?
« Oui, bien sûr, c’est une expérience très enrichissante, aussi bien pour les méthodes d’éducation d’un chiot que pour le comportement du chien en guidage et la relation avec les personnes déficientes visuelles. Mais il faut être assez disponible, surtout les premières semaines. »